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C’est l’action de poser un paillis, une couche protectrice sur la terre. Dans la nature, cela se fait tout seul, il suffit d’observer dans les forêts la couche de feuilles mortes qui viennent se déposer et se décomposer. Dans les jardins, le paillis peut être un film plastique, une toile de jute, des cartons, mais le plus raisonnable et le plus avantageux consiste à utiliser des matières végétales.

Quels matériaux doit-on utiliser ?

En tout premier lieu, les déchets du jardin, tontes de gazon sèches, feuilles mortes, résidus de taille, fleurs fanées, etc. Un jardin de 600 m2 génère tellement de déchets qu’il se suffit à lui-même. Déposés tels quels, ils sont peu décoratifs, je vous l’accorde. Pour ma part, j’ai une petite astuce : je passe la tondeuse dessus, ce qui les hache. Je n’ai plus qu’à les ramasser et à les utiliser. Quand j’ai beaucoup de déchets, comme à l’automne, avec les tailles, j’utilise un petit broyeur.

Tout peut-il servir de paillis ?

Vous pensez sans doute à des déchets végétaux « à risque », comme les feuilles de rosiers ou de fruitiers, réputées véhiculer des maladies ? Pour ma part, je ne fais aucune distinction. Et en plus de vingt ans de pratique, je n’ai connu aucun déboire. En réalité, l’activité biologique est telle, dans la couche d’humus située en dessous du paillis, qu’à son contact parasites et indésirables sont éliminés.

Tout bois fait-il paillis ?

Pas tout à fait. Évitez la sciure et les copeaux des menuiseries, qui peuvent avoir été traités. De plus, la décomposition de ces déchets très ligneux par les bactéries et les champignons du sol réclame beaucoup d’azote et appauvrit les sols. Les écorces de bois vendues en sac ne posent pas de problème, car elles ont déjà entamé le processus de compostage dans les sacs. Pour ma part, je prends soin d’étaler sur le sol une couche de 3 à 5 cm de compost, sur laquelle je dépose les écorces, histoire d’amorcer la pompe pour la décomposition.

Le paillis protège, mais de quoi ?

Les vertus du paillis sont multiples.

  • La régulation des arrosages est sans doute celle qui est le plus d’actualité en ce mois d’aout. En maintenant un réseau riche en micro canalisations dans son épaisseur et en empêchant l’évaporation de l’eau du sol, le paillis est une formidable réserve d’eau. L’an dernier, pendant la canicule, je suis parti durant quatre semaines entre mi-juillet et mi-août. À mon retour, rien, strictement rien, n’avait souffert, grâce au paillis que j’avais gorgé d’eau avant mon départ.
  • Le paillis empêche aussi la levée des mauvaises herbes. Il en émerge bien une de-ci, de-là, mais plus de corvées de désherbage, encore moins d’herbicides, bannis de mon jardin.
  • Le paillis empêche aussi la terre de « croûter » et favorise la microflore et la microfaune, présentes dans les premiers centimètres du sol. Sa décomposition est un véritable garde-manger pour les plantes.

Et si vous voulez vous passer d’engrais, complétez les apports nutritifs venant de la décomposition du paillis par quelques pelletées de compost, tous les deux ans pour les rosiers, tous les trois à quatre ans pour les plantes vivaces, et jamais pour les arbustes et les arbres. Les fraisiers et les framboisiers, très gourmands, réclament leur dose annuelle (2 à 3 kg de compost au mètre carré).

Faut-il renouveler souvent le paillis ?

Le paillis se décomposant lentement, il faut le renouveler, plus exactement l’alimenter. Les écorces de feuillus mettent deux à trois ans à se décomposer ; les paillettes de lin et les cosses de cacao, deux ans ; la paille ou les feuilles, un an à peine ; les tontes de gazon, un mois. Il suffit d’en rajouter par-dessus.